Bonjour.
J'ai le plaisir de mettre en ligne une contribution de Mme Dominique Manigand Gorzala, Membre du Cercle Blasco Ibáñez qui s'intéresse de près à la vie et à l'oeuvre de Vicente Blasco Ibañez comme à ses voyages, ce qui nous vaut aujourd'hui un premier article sur Vicente Blasco Ibañez, l'Espagne et l'Argentine.
Patrick ESTEVE - Président du Cercle Blasco Ibáñez.
"1- DE L’ESPAGNE A L’ARGENTINE
(Par Dominique Manigand Gorzala - Membre du Cercle Blasco Ibañez)
« Ce ne fut pas en Espagne mais depuis Paris que je décidais mon voyage pour l’Argentine »
La direction du Grand Théâtre Odéon de Buenos Aires entre en contact avec Vicente Blasco Ibanez afin de lui proposer de donner une série de conférences. L’idée séduit l’écrivain qui souhaite pour un certain temps s’éloigner de la politique. Quelques personnalités faisant parties de son cercle d’amis, tels que Augusto Coello le président de la Banque Espagnole de Rio de Plata, Emilio Mitre, Directeur de la Nacion de Buenos Aires, insistent auprès de Blasco afin qu’il accepte le déplacement.
Il décide de quitter Paris pour Madrid puis en train il gagnera Lisbonne où il arrive le 15 mai 1909. Le 20 il embarque à bord du Cap Vilano, vapeur battant pavillon allemand qui assure la traversée de l’atlantique vers l’Argentine.
Au début juin, le bateau arrive à Montevideo, Vicente Blasco Ibanez est accueilli par des personnalités politiques et des journalistes, tous l’accompagnent à Buenos Aires.
Dans l’un de ses premiers discours il remercie chaleureusement le pays qui l’accueille en ces termes : « Messieurs : en posant le pied sur le sol argentin, je ne sens pas la désagréable impression de celui qui se considère dans un lieu étranger, de celui qui se voit dans un environnement nouveau avec lequel il n’aurait aucune relation de parenté, aucun lien de sang, aucune affection… Je suis ici en pleine sécurité et complètement serein, comme si j’étais dans ma propre maison … »
Il s’installe très confortablement à l’hôtel España au centre de Buenos Aires. Les cercles culturels et les associations rivalisent dans leurs invitations. Ce sera d’abord une visite au Cercle Valencien puis au Cercle Catalan. Mais comme prévu, c’est au théâtre Odéon que Blasco va donner ses principales conférences publiques.
Anatole France qui l’a précédé peu de temps avant dit, en toute modestie : « Moi le fils de Molière, je salue en Blasco Ibanez le fils de Cervantès »
Le 11 juin, c’est la première conférence intitulée « l’Amérique vue depuis l’Espagne ». puis pendant ce même mois de juin ce seront cinq conférences qui suivront : « La légende noire de l’Espagne », « Les grandes figures de la Découverte », « Balzac », « Victor Hugo », « Émile Zola et son œuvre ». Après un déplacement au Théâtre Argentin de la Plata, il rentre à Buenos Aires le 30 juin, pour une autre série de conférences : « Cervantès », « L’Espagne au XIXème siècle », « Lope de Vega » « El Greco, Vélasquez et Goya » (1)
Libéré de son premier contrat, Blasco Ibanez entreprend une série de déplacements dans le pays. Il se rend à Chacabuco, Chivileo et Mercedes. Il regagne Buenos Aires le 23 août pour recevoir le titre honorifique de membre d’honneur de l’Association Patriotique Espagnole. Puis le 31 août c’est L’académie de Littérature de Buenos Aires qui le distingue en le faisant Académicien Honoraire.
Jusqu’à la fin de l’année 1909, il continue à parcourir le pays et l’admiration qu’il éprouve pour cette terre augmente de jour en jour. La géographie argentine devient familière au fil des centaines de kilomètres qui le conduisent à travers les différentes provinces.
Le 5 janvier 1910, Vicente Blasco Ibanez regagne l’Espagne, le14 juillet 1910, il part pour Madrid où il commence à écrire « Argentina y sus Grandezas »
Le 8 août de la même année, il embarque pour la deuxième fois pour l’Argentine, en disant :
« Je reviendrai en Argentine, je reviendrai pour y être agriculteur »
(1) le texte intégral de ces conférences a été publié par les Éditions Prometeo dans un volume intitulé Discursos literarios (1966)"